UN VOYAGE À LA TONALITÉ HISTORIQUE ET CULTURELLE
◆

V siècle - Origines de Boucéel
L’origine du domaine du château de Boucéel remonte à l’antiquité puisque le nom Boucéel dérive du latin Buxus, indiquant un lieu planté de buis. L’on sait que cela indique fréquemment les environs d’une villa d’époque gallo-romaine. Le parcellaire orthogonal garde les traces de ce domaine antique, situé à 800m environ de la grande voie romaine Condate - Ingena (Rennes-Avranches).

XIII siècle
Le fief de Boucéel avait appartenu autrefois à la famille Verdun. Le château était alors une grande commanderie templière carrée à 4 tours qui servait d’étape pour les pèlerins qui se rendaient au Mont Saint Michel.

XIV siècle
En 1327, Roland de Verdun se rallie au Roi Edward III d’Angleterre. Le roi de France, Philippe de Valois, confisque alors le fief de Boucéel et finit par capturer Roland de Verdun qu’il fera exécuter pour haute trahison à Paris en décembre 1346.
Les Verdun, restés fidèles à la couronne de France, héritent du fief de Boucéel avec la famille Pigace vers 1380.
Vers 1420 les deux familles scellent leur alliance par un mariage entre Hélène de Verdun et Jean Pigace.

XV siècle
Durant la guerre de Cent Ans, la famille Pigace donna 3 défenseurs au siège du Mont Saint Michel sur les 119 chevaliers qui participèrent à la défense victorieuse du Mont contre les Anglais.
En représailles, la famille Pigace est dépossédée du fief de Boucéel par les Anglais en 1422.
Le 17 juin 1434, lors du dernier assaut contre le Mont Saint Michel, les Anglais sont repoussés et abandonnent deux bombardes. Appelées Miquelettes ou Michelettes, elles seront placées en trophées dans l'entrée du Mont Saint Michel où elles se trouvent toujours.
Le fief de Boucéel sera finalement restitué aux chevaliers Pigace à la fin de la guerre de Cent Ans.

1480
Julien d'Amphernet Baron de Montchauvet épouse en deuxième noces Françoise Pigace, dame de Boucéel, fille de Rolland Pigace seigneur de Boucéel.

1670
Angélique Anne d’Amphernet, fille de René d’Amphernet, seigneur de Boucéel et président au Parlement de Bretagne, se marie en 1670 avec René Doynel, chevalier, seigneur de Montécot, capitaine pour le Roy.

1763 - Construction du dernier Château de Boucéel
En 1762, le Marquis de Montécot commanda à Jacques Basché, géographe des Ponts-et-Chaussées et architecte, la construction d’un nouveau château pour Boucéel, celui actuel. Jacques Basché fut présent tout au long du chantier qui prit fin en 1764. Pour cette demeure, il s’inspire des Maisons de Plaisance de la première moitié du XVIII siècle. A l’extérieur, le château est composé d’un corps de logis de plan rectangulaire prolongé de deux pavillons d’un seul niveau. Les façades principales, bâties en pierre de taille de granit et animées d’un rythme ternaire, sont ornées d’un avant-corps central de forme différente: cintré du côté de l’entrée et à pans coupés face aux jardins.
À l’intérieur, Basché a disposé les pièces de réception et les pièces plus privées en se souciant, avant tout, de la fonctionnalité par l’aménagement de petits dégagements dissimulés dans la distribution. Les boiseries des salons de compagnie, du salon ovale, de la chambre et du cabinet de la Marquise furent réalisées et sculptées par le menuisier virois Jean-Baptiste Le Mazier, d’après les plans signés de Basché.

1792 - Révolution française
Pendant la Révolution, le Marquis de Montécot émigre mais revient discrètement plusieurs fois voir son épouse, restée à Boucéel. De cette relation cachée naîtront deux filles qui seront déclarées sous une fausse identité pour éviter de lourdes conséquences au vrai père alors recherché pour émigration.
La Marquise, douée d’un esprit rare et affecté, fait preuve d’habileté et demande intelligemment le divorce en 1792 afin de préserver les biens de famille de la confiscation. En 1794, elle fait détruire les traces d’armoiries sur le fronton du château à la demande d’un agent national et multiplie en parallèle les requêtes pour faire lever le statut d'émigré posé sur son mari.

1795 - La bataille de Boucéel
Le 2 décembre 1795, après avoir remporté le combat du Bois Rouland, les Chouans gagnent le château de Boucéel pour s'y reposer.
Le 3 décembre, le chef chouan Aimé Picquet du Boisguy préfère lever le camp à l’aube car des troupes Républicaines, conduites par le général Pierre Quantin, convergent vers le château. Les mouvements de chaque troupe rendant l'affrontement inévitable, les Chouans prennent l'offensive. Avançant sous la protection des fossés, ils réussissent à encercler les Républicains et à ouvrir le feu sur eux à faible distance. Pressé d'éviter un enlisement du combat, Boisguy lance une nouvelle attaque, cette fois sur le flanc de ses adversaires. Attaqués de tous les côtés, les Républicains sont contraints de prendre la fuite.

1796 - Pillage de Boucéel
En représailles, le château de Boucéel est pillé par les révolutionnaires en 1796. Ils détruisent tout le mobilier, livres et effets personnels qui furent brûlés devant la maison. La même année le Marquis rentre en France et prend part à des batailles aux côtés des Chouans mais blessé au combat, il finit par faire soumission à la République.
En 1799, la Marquise s’éteint, malade, épuisée par tous les événements des dernières années.
Il faut attendre le 22 juillet 1802 pour que le Marquis soit amnistié et puisse ainsi rentrer à Boucéel où il rendra son dernier soupir en 1812.
Par jugement du 1er septembre 1803, leurs deux filles nées sous une fausse identité sont définitivement reconnues comme enfants légitimes.
En 1825, leurs héritiers intentent un procès contre l’Etat pour demander réparation du pillage. Le 1er juin 1827, la famille Montécot de Boucéel est indemnisée.

1891
La famille Doynel de Montécot à Boucéel s'éteint sans héritier et la propriété est mise en vente.

1896
Robert de Roquefeuil et son épouse Jeanne Icery font du Château de Boucéel leur maison familiale.
La famille Roquefeuil est une très ancienne famille de la noblesse française d’extraction chevaleresque dont les premières traces remontent à 988 quand Saint Fulcran, évêque de Lodève, connu pour ses actes de charité, fit don de sa part du Château Roquefeuil au monastère Saint-Pierre de Nant en Occitanie.
Au XIII ème siècle la famille Roquefeuil était menacée de s'éteindre car presque tous ses membres avaient été tués lors des batailles de la Croisade des Albigeois. Suivant la tradition, il ne restait plus qu'un seul Roquefeuil, Arnaud 1er, moine dans l'Ordre des Cordeliers. Désireux de perpétuer le nom illustre de sa famille, Arnaud demanda auprès de la Cour de Rome d'être relevé de ses vœux. Le Pape ne put refuser cette grâce due à l'ancienneté de cette maison et au désir de vouloir la conserver. Arnaud 1er, devenu chef et l'unique espérance de la maison Roquefeuil, voulut, en perpétuant cette maison, conserver le souvenir de son habit et prit pour armes des cordelières de moines.

1906
Le Comte Robert de Roquefeuil et son épouse Jeanne Icery donnent naissance à 3 enfants, Nelly, François et Arnaud en 1906.

1918
A l’âge de 22 ans, en soignant les malades de la tuberculose dans les fermes environnantes, Nelly contracte la maladie et en décèdera. Son père, Robert, lui écrira ce poème:

1923
En 1923, à l'âge de 17 ans, Arnaud de Roquefeuil commence à dessiner son journal intime. À l'époque, il ne peut pas s'inspirer d'autres bandes dessinées car il n'existe que les périodiques illustrées. La bande dessinée Tintin n'arrive qu'en 1929. Sans le savoir, il est un pionnier de cet art. Il dessine son quotidien et ce qu'il aime, pour le plaisir, sans but précis. Il ne peut pas imaginer qu'en 1939, il partira pour la guerre et que cette chronique deviendra un important document historique.
1937
Arnaud de Roquefeuil épouse Nicole Camille de Felcourt le 12 mai 1937. Ils auront 6 enfants dont Régis en 1949
1940
Lors de la seconde guerre mondiale, le château fut occupé par des officiers de la Wehrmacht durant l’été 1940 mais ils n'y restèrent que trois mois car le château n’avait pas alors l’électricité. Durant cette période, la famille Roquefeuil doit cohabiter avec les Allemands. Arnaud, prisonnier de guerre dans l’Est de la France, apprend la mort de son père Robert par une lettre de son épouse.
1944
Pendant l’occupation, Arnaud de Roquefeuil participe à la résistance dans le réseau Libération Nord. Dénoncé, il est arrêté par la gestapo à Boucéel le 10 juillet 1944 en tentant de détruire des documents confidentiels dans les sous-sol du château. Emmené en déportation vers le camp de Buchenwald, il eut la chance de ne pas y arriver car les voies ferrées furent détruites par l’aviation Anglaise le jour de la libération de Paris, le 25 août 1945.

1966
En 1966, Nicole de Roquefeuil, victime d’un accident de la route, est remise à Dieu. Dans sa peine profonde Arnaud lui écrira, quelques années plus tard, une lettre qu’il dissimulera derrière la tenture de sa chambre. Cette lettre resta cachée durant plus de 30 années quand elle fut découverte par hasard lors de travaux. Par respect, cette lettre fut remise derrière le nouveau tissu une fois les travaux finis.

1981
Le Comte Régis de Roquefeuil épouse Nicole Rasigade et donnent naissance à leur fils Ian de Roquefeuil en 1984. Issue d’une ancienne famille de notables languedociens, Nicole convainc son mari d’ouvrir la propriété au tourisme. C’est le début des travaux de rénovation qui s’étaleront sur plusieurs décennies.

1986
Les 60 000 ardoises de la toiture du château et 45 des 99 fenêtres du château sont rénovées.
1990 - 1993
L'ancien four à pain, le pavillon et la maison du jardinier qui étaient en ruines sont restaurés en maison de location.

1996
Le Comte Arnaud de Roquefeuil remet son âme à Dieu. Son fils, le Comte Régis de Roquefeuil, hérite du château de Boucéel.

1998
Après 27 années de carrière en tant que chiropracteur à Paris, Régis et Nicole de Roquefeuil s’installent définitivement à Boucéel. Ils prennent la décision de rénover l’intérieur du château pour en faire une maison d’hôtes. Idée très novatrice pour l’époque. Toutes les chambres sont rénovées et une salle de bain est créée dans chaque antichambre. Le château reçoit ses premiers clients hôtes en 1999.

2017-2023
Quelques années après des études en management hôtelier, Ian de Roquefeuil prend la succession de l’entreprise familiale avec Erika Castrillon, avocate originaire du Pérou.
Ensemble, ils entreprennent une série d'investissements et opèrent une montée en gamme de l'entreprise tout en préservant le caractère historique de ce bâtiment du XVIIIe siècle.
Respectueux de ses traditions et fidèle à son caractère, Ian de Roquefeuil ajoute une finition contemporaine au château de Boucéel. Portes insonorisées, réseau du wifi amélioré, mobiliers de style remis en lumière, couloirs entièrement rénovés, grand salon restauré, viennent compléter la liste des dernières améliorations.
Erika Castrillon, amoureuse de la cuisine française traditionnelle, lance un service de dîner convivial aux accents péruviens dans l’ancienne ferme du château.
Un service de Honesty Bar est également mis à disposition dans le château et de nombreuses prestations sont ajoutées aux services personnalisés grâce aux partenariats mis en place.
A l’extérieur, le parc et les étangs sont nettoyés, le mobilier de piscine et de jardins renouvelé et de nouveaux animaux d’agrément arrivent pour parfaire le caractère bucolique de Boucéel.
Sous son nouveau jour, le Château de Boucéel vous plonge dans une atmosphère raffinée dont le cadre enchanteur vous emporte vers une émotion délicate exprimant l’esprit intemporel du XVIII siècle